Si vous êtes l’heureux propriétaire d’un chat, il ne vous a pas échappé que l’emmener chez le vétérinaire - que ce soit pour maladie ou pour simple visite de contrôle ou de vaccination – pouvait parfois relever du parcours du combattant, à la fois pour lui, et pour vous !

Entre les ruses pour le faire entrer dans sa caisse de transport, les miaulements non-stop une fois qu’il s’y trouve, l’urine ou les selles à cause du stress et de la peur, l’agressivité envers le vétérinaire et son personnel, voire vous lorsque vous le manipulez, une simple visite peut se transformer en véritable cauchemar !

Puisqu’au moins une consultation annuelle est nécessaire pour vérifier que tout va bien et anticiper les altérations de l’état de santé de votre animal, surtout lorsqu’il avance en âge, petits conseils pour tenter de dédramatiser ce moment...

 

 

Pourquoi les chats sont-ils particulièrement stressés d’aller chez le vétérinaire ?

 

Le chat – vous l’avez certainement constaté – est un animal qui déteste l’inconnu. Il est très attaché à son territoire, et n’apprécie pas trop les personnes, les animaux, les lieux, les odeurs, qui lui sont étrangers. Il n’aime pas non plus les bruits inhabituels, et déteste par-dessus tout qu’on le contraigne, même pour des caresses.

Une visite chez le vétérinaire réunissant quasiment tout ce qu’un chat craint ou a en horreur, il est facile de comprendre son anxiété et son stress.

Il va donc falloir essayer de jouer sur différents points pour réduire le stress. Et cela ne se joue pas uniquement le jour J, mais bien en amont, lors de l’éducation du chaton.

 

 

L’éducation du chaton et la prévention du stress

 

Il est plus facile d’habituer un jeune animal aux bruits divers du quotidien (aspirateur, robot ménager, perceuse, machine à laver...), aux personnes ou animaux autres que ceux du foyer, à la manipulation (des oreilles, de la bouche, des yeux...) que d’essayer de contrer une phobie qui s’est installée.

Or, ces habituations doivent de préférence avoir lieu pendant la période de sociabilisation du chaton, entre 2/3 semaines et 9 semaines. Les processus mis en place durant cette période seront plus facilement intégrés. C’est donc à ce moment-là qu’il faut faire entendre à votre chaton toutes sortes de bruits (sans toutefois le surprendre, mais au contraire en le rassurant par vos paroles, vos caresses...). C’est aussi à cette période que l’on peut lui apprendre à aimer sa cage de transport (oui, c’est possible !).

L’idéal est de la lui laisser à disposition en permanence dans son environnement immédiat. Il peut ainsi l’apprivoiser, elle peut devenir un lieu de couchage avec une confortable couverture à l’intérieur, un « doudou », un vieux vêtement imprégné de votre odeur. Elle peut aussi être une cachette ou un refuge rassurant, où qu’il aille (vétérinaire, mais aussi voyages, vacances, pension...). Une serviette ou une couverture placées sur la cage peuvent créer une semi-obscurité et un effet « cocon » qui aideront votre chat à s’y sentir protégé et en sécurité. Enfin, il existe des sprays apaisants à base de phéromones, auxquelles le chat est très sensible, ou à base de plantes, que l’on peut pulvériser dans la caisse de transport, et qui peuvent l’inciter à s’y réfugier.

Concernant le choix de la cage de transport, il faut la prendre suffisamment grande pour que votre animal y soit à l’aise et puisse s’y retourner. Il peut être intéressant d’opter pour un modèle dont le dessus peut s’enlever entièrement ; ce qui permet au vétérinaire d’examiner le chat dans sa caisse, plutôt que de l’extirper de force en l’attrapant par les pattes ou la peau du cou.

Habitué à sa cage de transport, votre chat ne devrait pas trop rechigner à y entrer pour sa visite chez le vétérinaire.  Si toutefois il l’a un peu perdue de vue pendant près d’une année, mieux vaut anticiper et réhabituer votre chat à cet objet quelques jours avant la consultation, en procédant comme pour le chaton : la placer près de son coussin ou de son coin repas, éventuellement y placer des friandises (dedans, dessus), des jouets, et y pulvériser des phéromones.

Si malgré toutes ces astuces, votre chat reste récalcitrant et refuse d’entrer dans la cage, surtout ne le forcez pas à y pénétrer la tête la première. Mieux vaut le prendre dans vos bras, le rassurer en lui parlant, et le faire entrer d’abord par le train arrière, si besoin en plaçant la cage à la verticale.

 

Il est également important d’habituer dès le plus jeune âge votre chaton aux voyages en voiture, afin que le véhicule ne soit pas pour lui synonyme d’expérience désagréable. Si vous ne possédez pas de véhicule et prenez les transports en commun, il est aussi possible d’y familiariser son animal. Mais pour commencer, privilégiez des petits trajets, à des moments où les transports ne sont pas bondés. Pensez à placer une alèse au fond de la cage ou du sac, afin d’absorber l’urine ou de recueillir les déjections.

 

NB : Ne jamais amener son chat en consultation dans les bras, ou même en laisse ! Un chat stressé peut devenir agressif ou réagir de façon inappropriée et inattendue. Ce serait prendre le risque de vous faire mordre ou griffer, ou que votre chat s’enfuie. Une cage – ou un sac – de transport bien sécurisé est une nécessité

 

 

Chez le vétérinaire

 

Comme il a été dit précédemment, une visite chez un vétérinaire est extrêmement stressante pour un chat : il se retrouve en dehors de son territoire, dans un endroit inconnu où il ne possède aucun repère, sans aucune possibilité d’évitement ni de fuite. Tout est potentiellement menaçant pour lui : odeurs (produits d’hygiène, phéromones de peur ou odeurs de marquage des autres animaux...), bruits (aboiements, miaulements de détresse, sonnerie de téléphone ou d’entrée, voix diverses...), éléments visuels inhabituels (néons, blouses, etc.), sans oublier une contention par des inconnus, des manipulations désagréables, voire parfois douloureuses, pour des soins ou des examens. Il arrive aussi qu’un temps d’attente prolongé ne fasse qu’exacerber le stress !

 

Dans la salle d’attente, posez de préférence la cage sur vos genoux, ou sur une chaise à vos côtés, pour que votre chat soit plus rassuré.

Les vétérinaires et leur personnel sont formés à la psychologie et au comportement des animaux, et plus particulièrement des félins, et sont souvent attentifs à leur bien-être : cliniques réservées aux chats, ou à défaut, salles d’attentes ou horaires de consultation distincts pour éviter la présence dans un même lieu de chiens et de chats.

N’hésitez pas à demander un rendez-vous et/ou un aménagement particulier à votre vétérinaire si votre chat est vraiment stressé (par exemple mise à l’écart dans une salle isolée et calme pendant l’attente) !

 

Lors de la consultation proprement dite, il va falloir sortir le chat de sa cage. Certains répugneront autant à en sortir qu’ils auront eu de mal à y entrer lorsque vous étiez chez vous !

Certains praticiens – s’ils ne sont pas trop pressés (d’où l’intérêt des rendez-vous) – laisseront votre chat sortir tranquillement de son refuge, explorer la salle, la marquer en s’y frottant. Vous pouvez demander à aider, mais la plupart du temps le vétérinaire et son assistant ont l’habitude et préfèrent manipuler seuls votre animal. Leurs gestes sont souvent plus sûrs, d’autant que vous risquez de communiquer votre stress à votre chat.

Si toutefois le vétérinaire vous semble peu délicat et peu respectueux de votre animal, n’hésitez pas à en discuter avec lui. Cependant, certaines contentions un peu musclées sont parfois nécessaires, ou alors il est primordial d’assurer la sécurité du personnel.

 

Pour autant, si vous êtes mal à l’aise, renseignez-vous auprès de votre entourage afin de trouver une clinique qui sera plus « cat-friendly ».

Notre clinique vétérinaire à Saint Pierre d'Irube est labellisée "Cat Friendly Clinic" par la Société Internationale de Médecine Féline.

Cliquez ici > espace-chats-clinique-labellisee-cat-friendly-clinic

 

Lorsque votre chat s’énerve et râle sur la table de consultation, ne le grondez pas, mais rassurez-le par une voix calme et posée.

Et si pour un examen votre chat est dans un état de stress intense, il se peut que le praticien vous propose de stopper la consultation, le temps que votre compagnon retrouve son calme. Dans ce cas, le vétérinaire peut vous demander de revenir un autre jour (avec remise en cage de transport, re-stress du voyage à la clinique etc.), ou de laisser votre animal quelques heures en hospitalisation, afin qu’il s’apaise et puisse subir l’examen en question, manipulé par des gens qui ont de l’expérience. Dans ce cas, laissez-lui des tissus à lui, un foulard/pull qui a votre odeur ou celle de la maison, un doudou...

 

Pour conclure...

 

Emmener son chat chez le vétérinaire n’est donc pas une mince affaire. Mais comme c’est un « mal nécessaire », autant l’anticiper en amont et mettre tous les atouts de votre côté pour que cela se passe au mieux pour tous les protagonistes : chat, propriétaire, vétérinaire et personnel soignant.

N’hésitez pas à demander des conseils au praticien ou à ses assistant(e)s, et au besoin, utilisez des phéromones pour atténuer le stress. Plus votre animal verra son vétérinaire pour des consultations de routine, avec des manipulations réduites, plus il sera enclin à accepter les soins et les examens lorsque ceux-ci seront nécessaires.

Et comme le dit Jean de La Fontaine (même s’il ne parlait pas de chats !) « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage ».

 

Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

Janvier 2021